La disparition étrange d’Héléna Folsk – Partie 1

J’entends le bruit de la pluie qui s’abat sur le toit. Je regarde le réveil, il est trois heures du matin. Je na-vigue sur internet, la météo n’est pas terrible, c’est une nuit agitée avec des vents violents. Mon téléphone sonne, m’annonçant l’arrivée d’un e-mail. Qui peut bien m’écrire à cette heure ? Le nom de l’expéditeur m’est inconnu et le message s’intitule Héléna Folsk. Dans l’e-mail, pas grand-chose, juste ces quelques mots « aidez-nous à la retrouver » avec un numéro de téléphone. Cette personne inconnue a ajouté des pho-tos de la jeune femme en pièce jointe, elle est magni-fique. Je laisse tomber pour le moment, c’est sûrement un spam.

Je me dirige vers la chambre à coucher, il est tard et je dois me reposer. Le téléphone sonne de nouveau, mais, cette fois, c’est un appel en numéro masqué, je décroche… Personne. Je patiente quelques secondes et un hurlement retentit dans l’écouteur avant que je raccroche. C’est une voix féminine. Une sensation de peur m’envahit, je coupe immédiatement le téléphone.

Le temps passe, il est cinq heures, je fais les cent pas dans la chambre. Dois-je prendre ce sujet au sé-rieux ? Peut-être est-ce quelqu’un qui essaie de m’effrayer… surtout à cette heure. Je m’allonge sur mon lit, ferme les yeux et pense aux belles choses que j’ai vécues dernièrement pour oublier ce drôle de coup de fil.

Les rayons du soleil me réveillent. J’ouvre les yeux, il fait enfin jour. Au rez-de-chaussée j’entends frapper à la porte. Je regarde et je vois un homme habillé en noir, un chapeau sur la tête, avec une enveloppe à la main. Le facteur ? Impossible.

J’enfile mon pantalon, mets mes chaussons, des-cends l’escalier pour aller ouvrir. L’homme a disparu, et, au sol, se trouve une enveloppe de taille moyenne. Je me prépare un café tout en ouvrant l’enveloppe. À l’intérieur il y a une photo avec une adresse au verso.
J’allume l’ordinateur et tape le nom de l’endroit mentionné sur un moteur de recherche : Mistusinne est une ville qui se situe dans le sud du Canada, près du célèbre Douglas Provincial Park. C’est un site touris-tique avec un lac réputé pour les activités nautiques que l’on peut y pratiquer. La maison indiquée dans l’adresse se situe dans la forêt, non loin de cet endroit. En continuant mes investigations sur internet, je cons-tate qu’elle est abandonnée depuis maintenant trois ans.

Je décide de me rendre sur place. Je prépare ma va-lise, avec des vêtements pour une absence de quelques jours, ma sacoche du pc portable juste au-dessus. Je prends également mon caméscope pour filmer des scènes de la maison, qui serviront plus tard à alimenter mon prochain article. Je retourne dans la cuisine me préparer un sandwich, car la route risque d’être longue. L’avantage d’avoir un temps magnifique, c’est de pouvoir profiter du paysage.
Ce sera la première fois. La ville, je ne la connais pas encore. Mais je pense que cette enquête va être mystérieuse. La distance à parcourir est d’environ trois mille kilomètres. Le GPS m’indique environ trente-trois heures de route, c’est énorme, mais je n’ai pas le choix. Je dormirai dans la voiture quelques heures avant de reprendre la route en cas de fatigue. Je me dois d’être prudent car les routes sont très dan-gereuses au Canada. La Chevrolet Camaro m’attend dans le garage et croyez-moi, les kilomètres ne me font pas peur. Ce sont des voitures réputées par chez nous, elles sont magnifiques. Elles tournent comme des horloges, et quand le moteur se met en route, je peux vous affirmer qu’elles ronronnent nos Chevrolet.
Quatorze heures, déjà quatre cents kilomètres au compteur. Le ciel est dégagé, aucun risque de mauvais temps. Je dois impérativement prendre une pause. Je m’arrête pour faire le plein de mon véhicule dans une station-service. Celle-ci est lugubre, d’aspect vieil-lotte, elle n’est pas récente, les murs sont sales, la vi-trine principale sur le devant est cassée. L’enseigne est détruite, le fil électrique est arraché. J’aperçois depuis l’extérieur un homme assis sur une chaise derrière la caisse enregistreuse. Il a une énorme cicatrice sur le visage et ses vêtements sont troués. Un fusil est posé près de lui, sûrement pour se protéger d’éventuels cambriolages.

Je me dirige vers l’entrée. L’homme ne bouge pas, pas un bonjour. J’en profite pour prendre un peu de nourriture, du fait qu’il me reste pas mal de route à faire. Je regarde la date de péremption, la plupart des produits sont périmés. Sur certains, on peut apercevoir la présence de vers qui grouillent dans les paquets d’emballages. L’odeur est étouffante, des mouches volent dans toute la pièce, je me dirige vers l’homme et lui demande s’il est possible de faire le plein d’essence. Sur sa veste, on peut lire son nom, Michael. Il se lève et sort du magasin. Il marche en direction de ma voiture et je le suis.
« Vous l’ouvrez votre tas de tôles ? »
Je regarde le type bizarrement et, dans ma tête, je me dis qu’il ne sait pas à qui il s’adresse.
« Tu te magnes à l’ouvrir ! »
Je saisis mes clés dans la poche de mon pantalon et j’ouvre le réservoir.
Mon téléphone sonne, il est posé sur la banquette arrière de la voiture. J’ouvre la portière, jette un coup d’œil au téléphone : le numéro est masqué. Je dé-croche, toujours personne au bout du fil, hormis cette respiration irrégulière. J’insiste et demande à l’inconnu de se présenter s’il ne veut pas que j’appelle la police. Une voix faible surgit des haut-parleurs.
« Josh, viens m’aider ! Je t’en supplie. »
Héléna ? puis plus rien. Je referme la voiture, Mi-chael a disparu.
Je retourne dans la boutique, aucune présence hu-maine. Je regarde partout, dans la réserve, les toi-lettes… Mais où est passé le gérant ? Je ne peux pas m’enfuir sans payer. Je laisse sur le comptoir la somme affichée sur la borne avec mes remerciements sur un bout de papier.
« Dégage de chez moi, bon à rien, sinon je te tire dessus avec mon fusil. »
Je panique, que se passe-t-il ? Pourquoi me parle-t-il ainsi ? Il sort d’un hôpital psychiatrique celui-là. Je quitte immédiatement les lieux et m’empresse de mon-ter dans ma voiture pour m’éloigner au plus vite. Mais le véhicule refuse de démarrer. J’entends Michael hur-ler. Un coup de feu retentit. J’insiste sur le démarreur, la voiture peine à se lancer. Après plusieurs tentatives, j’arrive enfin à repartir.

C’est la première fois que je suis témoin d’une scène aussi étrange. Qu’est-il arrivé à cet homme pour faire fuir ses clients de cette manière ? Je continue la route, je dois encore faire deux mille six cents kilo-mètres avant d’arriver à destination. Cela risque d’être long !

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