La disparition étrange d’Héléna Folsk – Partie 4

Je suis frigorifié. Je ne sens plus mes jambes, elles sont ligotées. Mon agresseur a retiré quelques vêtements, seuls mon maillot et mon pantalon me couvrent du froid. Je me réveille dans une pièce étrange. Un lit rouillé, une armoire abîmée dans un coin, et du sang sur le mur. Le sol est humide, des flaques d’eau sont visibles, l’eau s’infiltre.

Je suis attaché au plafond, la tête en bas. J’ai encore du mal à voir les choses clairement, ma vision est trouble. La pression que j’exerce sur la corde en me balançant peut la faire céder. Elle n’est pas résistante, je pense que la personne qui me retient ici souhaite que je me libère. Je commence à balancer mon corps de gauche à droite, les liens craquent. Quelques se-condes suffisent et je tombe, mes mains amortissant le choc. Je saigne, à cause des bouts de verres cassés au sol. Mes effets personnels ont disparu, mon téléphone ainsi que mon portefeuille. Je ne connais pas l’endroit où je me trouve. Une lumière provient de l’extérieur par une petite ouverture sur le haut du mur en pierre, il fait jour. J’examine scrupuleusement la pièce, je commence par l’issue principale. Elle est verrouillée avec un cadenas et une chaîne. Impossible d’emprunter ce chemin, l’ouverture en haut du mur est trop petite, je ne peux me hisser.

J’ouvre la porte d’une armoire, un tas de fringues entassées. Sur l’étagère du haut, une petite clé posée, avec un petit message sur un bout de papier : « cette clé te mènera vers la lumière du soleil ». Quelqu’un joue avec moi ? Je l’insère dans la serrure du cadenas, elle ne correspond pas. Il y a aussi, dans la pièce, un vieux lit usé. Le matelas est taché, une puanteur s’en dégage. Je le soulève, je le jette au sol. Sous le lit, une trappe, je déplace le sommier en ferraille. Je me faufile par la trappe et je me retrouve dans une salle sem-blable, des carreaux blancs rectangulaires au mur, et des tuyaux d’évacuations rouillés. Je peux aller plus loin, la porte est ouverte. J’arrive dans le hall principal, au bout je vois une grille, comme dans un hôpital psy-chiatrique. Les accès aux chambres se suivent, j’aperçois une borne d’accueil, quelqu’un devait être posté ici, en tant que gardien. Il surveillait sans doute les entrées et sorties des cellules ainsi que les lecteurs de cartes donnant accès au bâtiment.

J’aperçois l’ombre d’une personne qui attend tout au fond du couloir. Je continue de marcher, j’entends des cris, des personnes qui hurlent à la mort. C’est sûrement mon imagination, rien de tout cela n’est réel bien sûr. J’arrive près de la borne d’accueil, l’ordina-teur est allumé. L’ombre a disparu… Des caméras filment tous les compartiments du bâtiment, les chambres, et les étages. Je vois un homme attaché dans l’une d’entre elles. Room vingt-cinq, le système me donne des instructions :
« Please, insert your security card to unlock the room. »
Il me manque la carte de sécurité, un plan est posé sur le bord. Je recherche l’endroit où elle pourrait se trouver. Le vestiaire des employés au troisième étage ? Le gardien doit avoir un casier personnel, c’est ma seule chance. Une brochure m’indique le nom de cet hôpital « Institut Psychiatrique Edward George ». J’arrive devant un ascenseur de service, je vais éviter de le prendre par crainte d’y rester coincé… L’alimentation générale est faible, un voyant affiche son état. Dans ce cas, seuls les éléments importants au fonctionnement de l’établissement restent actifs. Un système de protection, pensé par un architecte, qui garantit le verrouillage des salles pour éviter l’évasion des patients en cas de coupure de courant.

J’emprunte l’escalier de service, il y a plusieurs étages, je vais devoir faire un peu de sport. Il fait sombre et mon cœur palpite. Je grimpe les marches une à une. Je suis presque au deuxième étage. Sur le panneau d’information, il est inscrit : « Room Vingt à vingt-Neuf ». Je décide de m’arrêter à cet étage, de-vant cette chambre vingt-cinq, l’homme ne bouge pas, il est endormi. Je frappe sur la porte équipée d’un carreau, le bruit ne le réveille pas. Des cordes le main-tiennent accroché au lit, il ne pourra pas bouger de si-tôt. Je vais devoir l’aider. Une porte claque, à quelques mètres de moi. Une personne se précipite en direction de l’escalier, elle s’enfuit. Une longue cape sur le dos, et un masque sur le visage. J’arrive dans la salle de repos, cette même personne a investi les lieux depuis un moment, un stock de nourriture, des boîtes de conserve, des bouteilles d’eau. Des bougies sont allumées, une cigarette vient juste d’être éteinte. J’ai dû sûrement l’effrayer, elle me sous-estime, je ne vais pas abandonner. Si je suis ici, c’est sûrement lié à mon enquête. Un magnétophone est posé sur une petite table… Je lance la lecture.

« Aujourd’hui, je suis au bord du gouffre, cet homme que j’ai enfermé dans la chambre vingt-cinq doit mourir. Il a fait du mal à ma famille, et il l’a dé-truite. Cela fait maintenant plusieurs mois qu’il est maintenu en vie, je lui donne à manger tous les jours, il a le droit à des sédatifs, car la nuit il me fait peur. Il hurle et m’empêche de dormir… Ce journaliste, qui se mêle de mes histoires, doit disparaître également. Je suis à deux doigts de me faire arrêter. J’ai peur, et personne ne comprendra pourquoi j’ai agi ainsi… »
Des seringues et des bouteilles d’alcool sont posées sur la table, cet inconnu se drogue pour oublier les mauvais souvenirs…

Les casiers dans la salle de repos sont vides. Un vrai désordre, des papiers arrachés, les poubelles sont renversées. Il faut absolument que je trouve le casier du garde. Un seul est fermé, dans le fond de la pièce, et il est verrouillé par un cadenas. J’ai trouvé une pe-tite clé dans l’armoire, je la sors de ma poche. Elle rentre dans la serrure, je la déverrouille. Sur la porte arrière, j’aperçois une photo. Une petite fille qui fait de la balançoire, avec un sourire éclatant. Un ours en peluche, avec un petit ruban autour de son cou : « joyeux anniversaire ma chérie ». Les vêtements de cet homme sont usagés, une paire de chaussures, une blouse blanche, je fouille dans les poches de son pantalon. La carte de sécurité est introuvable. Dans le ca-sier se trouve aussi un vieux coffre. Elle est dedans, je vais pouvoir m’en servir pour désactiver le dispositif de sécurité qui bloque l’ouverture de la chambre vingt-cinq. Un vieux téléphone portable à clavier coulissant. Un modèle, début des années deux mille. La batterie est rechargée, il n’est pas là par hasard. Il capte le ré-seau, j’essaye de composer un numéro. Impossible, les appels sortants sont désactivés. Seul un appel entrant peut fonctionner. Je reçois une notification, un mes-sage : « Dossier cinq cent vingt dans la salle des archives ». Une histoire, des révélations, des documents ainsi que des preuves pour poursuivre mon enquête. Je ne vais pas négliger ce nouvel indice. Mais cela peut être un piège de mon agresseur, pour m’attirer dans ce lieu. Je redescends au terminal de sécurité, je passe la carte dans le lecteur.
« Confirmez la désactivation du dispositif de sécurité en appuyant sur la touche entrer du clavier. »
Je valide, des lumières rouges clignotent, toutes les portes s’ouvrent. Les témoins sur les serrures sont verts. Je vais pouvoir libérer le prisonnier.
J’approche de la chambre vingt-cinq, j’aperçois des traces de sang sur le sol, une traînée qui part vers l’ex-térieur. Plus personne… l’homme a disparu. Un plan de l’établissement est posé sur le lit. Quelqu’un a en-touré avec un feutre la salle des archives. Quelqu’un souhaite que je m’y rende absolument… Un bruit d’ex-plosion retentit, et derrière moi des bouts de verre de la fenêtre qui vient d’être fracturée. La porte se ferme, je vois cet homme devant moi et il me regarde droit dans les yeux… Ses bras sont abîmés. Le sang coule, il va mourir ici. Il s’écroule au sol, il prononce quelques mots :
« Fuyez cet endroit, elle vous traquera jusqu’au dernier souffle de votre vie. »
Je prends son pouls, aucun battement, il est mort. Cet homme, je l’ai vu sur la photo. Il ressemble forte-ment à Logan. Il était retenu enfermé depuis quelques mois. Mais de qui parlait-il ? D’Héléna ? Ou d’une autre femme qui m’est encore inconnue à ce jour dans mon enquête. Pour approfondir mes recherches, je vais avoir besoin de ce dossier Cinq cent Vingt. Je suis proche de la vérité, cette histoire doit être connue des habitants et le (ou la) coupable emprisonnée.
Une alarme se déclenche.
« Verrouillage de sécurité, quittez l’établissement avant la fermeture définitive des portes. »
Le terminal affiche un compte à rebours ainsi que la sortie la plus proche pour les employés. Vingt-quatre heures, avant de rester définitivement prisonnier dans ce trou à rat. Le temps est compté, je vais devoir me dépêcher. Je synchronise les données sur le téléphone, les minutes restantes sont entre mes mains…

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