Cette femme était dangereuse pour la société. Elle était tombée dans le cercle vicieux de la drogue et de l’alcool, depuis que son mari avait obtenu la garde de ses enfants. Chaque jour, la police la récupérait au bord de la route, ivre morte, et sous l’emprise de l’héroïne. Son corps était rempli de cicatrices. Avec un cutter, elle se taillait les veines, la peau. Une colère, la rage de vouloir se suicider pour oublier ses moments difficiles.
À la suite de multiples arrestations. Elle était dans l’obligation de se faire suivre par un médecin, un psy-chiatre. Elle agressait les femmes enceintes, qui se promenaient tranquillement dans la rue, les insultait. Officiellement elle était reconnue folle. Elle fut incar-cérée pendant des années. Lors du dernier jugement, ses proches étaient présents. Ses enfants étaient effondrés, en larmes, et détruits, ils ne la reconnaissaient plus. Comment avait-elle pu commettre autant de délits en quelques mois à peine ? Emprisonnée dans le pénitencier le plus proche où elle ne resta que quelques jours, elle restait seule, ne participait à aucune des activités. Elle ne mangeait que très peu, se laissant mourir de faim et de soif. Elle avait le droit de voir ses proches, une fois par semaine dans le parloir. Personne ne lui rendait visite, même pas son ex-mari ni ses fils. Les médecins avaient remarqué des traces sur son corps, des écritures sur le mur de sa cellule. C’était du sang, elle écrivait avec ses doigts des mots incompréhensibles… Ils étaient intervenus à temps, elle se vidait de son sang. Il y avait une mare, au sol, proche de son lit. Elle devait quitter ce lieu, c’était trop pour elle, l’hôpital psychiatrique c’était la seule solution pour la protéger. Le transfert vers l’Institut Psychiatrique Edward George en quelques heures seulement. La prison dégradait son état de santé, son moral, déjà qu’elle était fragile.
Trois janvier deux mille quatorze, sa première jour-née dans l’institut psychiatrique. Elle avait trente-cinq ans. Quelques jours plus tard après son intégration, elle avait retrouvé une attitude sereine. Les médica-ments contenaient sa démence, son envie de suicide. Elle réussissait à nouer des liens avec des personnes plus âgées. La journée, elle était assise dans le canapé à regarder des vieux articles de presse. Des articles sur sa carrière, des photos sur scène, et lors des tournages de films. Elle regardait la télévision, de temps en temps, pour occuper la fin de journée et le soir elle écrivait à ses petits enfants. Joshua avait quatre mois. C’était le dernier petit garçon né de la famille, les deux autres sont plus âgés. Erwan avait deux ans et Loris cinq ans. Elle attendait désespérément une ré-ponse, un dessin lui aurait fait plaisir, mais les lettres ne devaient pas être données ou finissaient sûrement à la poubelle. Et surtout ! Son mari Logan ne souhaitait plus entendre parler d’elle ! Elle pleurait durant la nuit, elle avait pour seul espoir de retrouver un jour ses enfants… Vingt-Sept janvier deux mille quatorze, vingt-quatre jours après, un homme lui rendait visite. Son beau-frère, il avait sur lui des photos de famille, Michael passait lui déposer. Le sourire aux lèvres, ils discutèrent pendant des heures, mais elle prenait surtout des nouvelles. C’était la seule personne qui pouvait lui en fournir. Avoir des photos de ses petits c’était la plus belle chose qui la raccrochait à la vie. Une fois par semaine, elle pouvait profiter de ses moments. Des liens s’étaient noués entre eux, peut-être une histoire d’amour, ou seulement d’amitié. Mais personne ne pouvait confirmer cette hypothèse. Les médecins l’avaient guérie grâce aux traitements. Ils étaient même favorables pour son retour en milieu carcéral. Durant la suite de son séjour à l’institut, et avant sa disparition aucun autre rapport n’avait été écrit.
Vingt-Deux février deux mille quatorze, l’alarme incendie se déclencha dans tout le bâtiment. On éva-cua patients et employés qu’on rassembla dans la cour principale. Les extincteurs automatiques à eau au plafond s’étaient activés afin de limiter la propagation du feu qui se situait dans le sous-sol de l’établissement. Le système de sécurité indiquait par un signal l’ouverture automatique des portes verrouillées et affichait une carte des issues de secours disponibles via les té-lévisions. La cour principale était située à cent mètres. Le lieu de rassemblement, quand les autorités arrivèrent sur place, toutes les sorties étaient verrouillées et protégées. Les pompiers procédaient au déploiement des lances à eau. Des flammes sortaient par les fenêtres, plusieurs heures s’écoulèrent avant de pouvoir éteindre cet incendie. D’après les enquêteurs, le feu était criminel. Une personne aurait volontairement cassé une des vitres, pour y jeter un bidon avec de l’essence à l’intérieur. Une cigarette aurait déclenché le départ du feu, des vieux livres entreposés l’auraient alimenté. Après la mise en sûreté de l’établissement, tous les patients devaient regagner leurs chambres res-pectives. Tous les membres du personnel médical étaient dans l’obligation de vérifier la présence de tous les patients. Vingt-trois heures : une nouvelle alarme, quelqu’un se serait échappé…
La suite du rapport d’incident de l’incendie est effacée. Le dossier Cinq cent Vingt est intitulé Héléna Folsk. Je commence à soupçonner que la disparition d’Héléna a été inventée de toutes pièces. Faire croire pendant plusieurs années qu’elle était morte… il reste un document à lire, dans une enveloppe scellée. Mais quelqu’un l’a ouverte. Elle lui était adressée. Sur le dos, le nom de l’expéditeur, Logan Hoverwood.
« Chère Héléna, depuis des années maintenant, je souhaite ta mort. Nous étions un couple, aujourd’hui nous ne sommes plus rien. Tu as trahi ma confiance en ayant une relation avec cet homme l’autre soir. Tu ne verras plus tes enfants, tu peux faire une croix sur eux. Pourtant ils me parlent souvent de toi, mais je leur explique que tu es morte dans un accident. Aujourd’hui, je suis le seul responsable. Ne t’en fais pas, je prendrai soin d’eux. Sache une chose, si tu sors un jour de cet institut, fais attention à toi. Un drame pourrait arriver. Sois prudente, et regarde toujours derrière toi… Je ne sais pas ce que tu trafiques avec mon frère mais sache que je suis au courant, que tu le vois souvent en ce moment. Mes derniers mots ne vont pas te plaire, mais je me suis permis de vider les comptes. Tu te débrouilles pour t’en sortir, tu sais très bien profiter de l’argent des autres. Tu profiteras de l’argent de mon cher frère Michael … »
Son mari porte des menaces écrites envers sa femme, il est mort juste devant moi quelques heures auparavant. Je regarde le téléphone, il reste Dix-Huit Heures avant la fermeture automatique des portes. La conclusion qui s’impose, c’est qu’Héléna n’est pas morte. Elle aurait sauvagement assassiné son mari ? Je ne peux le certifier, je n’ai aucune preuve réelle. Je peux également supposer qu’elle m’aurait envoyé cet e-mail, ainsi que les appels que j’ai pu recevoir chez moi, il y a deux jours. La vidéo que j’ai pu visionner au motel était la preuve de l’implication de Logan dans le meurtre de sa femme. Un brouillage de pistes exceptionnel !
Mais où est-elle ? Je vais devoir partir à sa recherche. J’entends quelqu’un descendre les escaliers de la salle des archives. Je me cache derrière un rayon où sont classés les dossiers. Cette personne est là, avec sa cape sur le dos.
« Je sais que tu es là Josh Hammer, je t’ai long-temps observé depuis les caméras… »
Cette personne inconnue enlève son masque.
« Tous les secrets que tu as découverts resteront enterrés ici à jamais, et tu ne pourras pas t’enfuir… »