Héléna Folsk, cette disparition est bidon. Elle n’est pas morte, elle est là juste devant moi. Elle tient des explosifs dans la main, les pose le long du mur. Je recule dans le fond, une détonation, des blocs de béton s’écroulent. La sortie est bloquée, il me reste une seule issue, les conduits d’aération. J’ouvre la trappe et je me faufile dans le conduit. Il est étroit, j’étouffe et je n’arrive pas à respirer. Je prends le téléphone dans ma poche, il reste douze heures. J’active la lampe, il fait noir. Je dois monter pour escalader le conduit. Je suis à environ trois mètres du sol, si je tombe je risque de m’écraser et de me tuer. Les parois grincent, la résistance du conduit est affaiblie par le poids de mon corps. Mes mains atteignent le haut, la trappe est verrouillée. Je dois faire demi-tour, je me hisse et redescends pour me retrouver les pieds dans l’eau. L’explosion a détruit les canalisations. Aucune issue, je suis coincé dans le conduit. La pièce est submergée, je tape, ma force n’est pas suffisante pour faire céder la trappe juste au-dessus de moi. Le froid, les dernières secondes, toute ma vie défile devant mes yeux. Je pense à tous ces moments, à ma famille, à mes amis. C’est la fin, je respire une dernière fois, ma tête est complètement sous l’eau. Mes yeux se ferment, je me laisse porter. Mes mains, mes jambes se décontractent. Une sensation de picotement, je commence à m’éteindre…
« Vous avez échoué Josh… vous avez découvert toute mon histoire. Mais aujourd’hui vous faites partie de l’autre monde. »
Héléna … ? Elle est devant moi. Je suis dans une chambre, assis sur une chaise. Ce lit est magnifique, il y a des posters accrochés sur les murs. Toutes ces fleurs, l’air que je respire est sain. Où suis-je ? Elle s’approche, me regarde… Ses yeux ne sont pas normaux, ils sont tout blancs. J’ai l’impression qu’elle est endormie. J’entends une musique connue. C’est un air qu’elle chantait étant jeune. Son premier succès, le début de sa carrière.
« Prenez ma main, vous avez une mission à accom-plir… »
Je suis aspiré, le conduit d’aération vient de céder face à la pression de l’eau. Je suis dans les égouts, mes vêtements sont trempés. Je dois continuer d’avancer, les rats sont nombreux, ils gémissent. Ils ont peur, ma présence les inquiète. J’arrive devant une échelle, qui donne accès à la salle des machines. Le générateur est toujours en fonctionnement, quelqu’un l’alimente grâce à de l’essence. Des bidons sont posés juste à cô-té. Les escaliers me permettent d’accéder au hall prin-cipal, les pancartes indiquent la direction à suivre. Je dois atteindre le terminal de sécurité qui me permettra d’ouvrir les portes qui me mèneront vers l’extérieur de l’établissement.
J’entends toujours la voix de cette femme, elle est au premier étage. Elle chante, cela raisonne, elle tient quelque chose dans la main. Elle est trop haute, inaccessible, Héléna est de retour. Cinq minutes s’écoulent, je ne bouge plus, je la contemple.
« Attention ! Verrouillage des portes de sécurité dans trois heures et cinquante-six minutes. »
Une feuille en papier s’envole, elle se pose juste à côté de moi. Des inscriptions aux feutres noirs sont visibles : « Je te donne rendez-vous, là où tout a commencé ». Sa maison, le commencement. Je hurle son prénom, elle s’enfuit…
Le terminal est en veille, il me demande le mot de passe de déverrouillage. Une phrase indique qu’il faut inscrire l’année de naissance du premier enfant d’Héléna. Avec toutes les informations dont je dispose, cette date m’est connue. Deux mille treize, elle l’avait annoncée le jour de son mariage. Je la saisis, le code est accepté. Je ressens des vibrations, le sol tremble. Des pierres s’écroulent. Les murs se fissurent, la fin est proche. Je cours, les lumières s’éteignent une par une. Des trous se forment, j’aperçois l’étage inférieur. L’effondrement de l’hôpital psychiatrique est imminent. J’aperçois la lumière de l’extérieur qui traverse les fenêtres, le soleil, il fait beau dehors. Des plaques métalliques descendent, bloquant les accès vers l’extérieur. Il ne me reste que quelques minutes. J’espère qu’aucune personne n’est présente, elle risquerait d’être enfermée à tout jamais ici. Les portes commencent à se refermer. Je me jette au sol, je glisse. Ma tête frôle la partie métallique du mécanisme, mes jambes sont dehors. Mon pantalon, il est accroché. Je vais devoir l’arracher, je suis à deux doigts de me faire décapiter… Je tire de toutes mes forces, il craque. J’atterris, les mains en avant, dans la terre.
Je suis sorti de justesse, sans aucun effet personnel. L’entrée de l’hôpital est bloquée, l’éboulement a fait des dégâts. Une voiture est garée à quelques mètres. La fenêtre est ouverte, les clés ne sont pas sur le contact. Je fouille la boîte à gants, je ne trouve rien, hormis les papiers du véhicule. Je regarde sur la banquette arrière, derrière le pare-soleil, dans le coffre, elles ne sont pas là.
Après avoir regardé partout dans toute la voiture, j’aperçois une maisonnette en bois. Les lumières sont restées allumées à l’intérieur et de la fumée s’échappe de la cheminée. Un petit écriteau indique : « Hard-woods house ». C’est probablement le nom des occupants.
Je frappe à la porte, trois petits coups. Personne ne répond, ils ont dû s’absenter. J’ouvre, des bougies sont allumées sur la table. Deux assiettes sont installées, les couverts ainsi qu’une jolie rose dans un vase au centre. Une photo est posée sur le bord de la table, il s’agit d’un couple âgé, ils ont environ soixante-dix ans avec des cheveux grisonnants, le mari doit être un passionné de chasse, il tient dans la main un fusil.
Il y a des animaux empaillés, c’est la seule chose que l’on peut apercevoir. La tête d’un cerf, un aigle noir, une décoration sinistre. Ces animaux ne méritent pas autant de souffrance de la part des humains. Un carillon d’autrefois, il est magnifique, il ne fonctionne plus, les aiguilles sont toutes les deux bloquées sur le chiffre douze. Il doit valoir une petite fortune aujourd’hui, mes parents sont fans, cela me rappelle ma jeunesse. Je regarde dans les tiroirs, beaucoup de documents, rien d’intéressant. La chambre à coucher, les draps sont en désordre, le lit n’a pas été refait. Une petite table de nuit, le réveil fonctionne, il est dix-huit heures. Les clés sont posées dessus, je vais pouvoir emprunter la voiture. Le téléphone fixe ne fonctionne pas. Je peux oublier le taxi. Je laisse mes coordonnées sur un bloc note, mon adresse personnelle et mon nu-méro de téléphone. La salle de bain est entrouverte, des gouttes tombent du plafond. Du sang frais, des tâches sur la moquette. Le cadavre d’un animal sus-pendu qui se vide de son sang, il a la gorge ouverte. Le couteau est posé sur le lavabo. Les mouches volent dans toute la pièce, les vers grouillent sur son corps. Je claque la porte et quitte immédiatement ce lieu dégoû-tant. Je démarre la voiture, j’emprunte le chemin en terre. Après avoir parcouru quelques mètres, une femme se jette sur la voiture, je freine. Elle a les mains rouges, elle s’écroule sur le capot. La vieille femme du motel, que fait-elle ici ? J’attrape ses mains, j’examine son pouls, il est faible. Une nouvelle personne qui va disparaître. Elle essaye de me parler, quelqu’un lui a coupé la langue pour la faire taire. Son visage est pâle, elle est terrifiée. Sa respiration est de plus en plus lente, elle dirige son doigt en direction d’un arbre dans la forêt, ses yeux se ferment. Elle est morte.
Cet arbre me semble normal, sur une des branches, des cheveux arrachés. Des cheveux longs, blonds, et un morceau de tissu. Je suis les traces de pas, le vent se lève. Tout à coup, mon pied se coince, bloqué. Un piège ! Un morceau de ferraille l’a transpercé. La souffrance, je hurle à la mort, quelqu’un, caché derrière un buisson, est entrain de m’observer. Je me débats, et le fermoir m’empêche de me libérer. Mes yeux se bloquent sur cet arbre, je n’avais pas vu. Cette femme elle me montrait bien quelque chose. Une écriture en rouge : « The Devil is back », le diable est de retour…
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